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Pêche au Spécimen - Un Mode de Vie
Specimen hunter, ce mot d’origine anglaise a au final toujours existé, et n’est pas uniquement rapporté à notre pêche, mais à toutes les pêches, mais aussi différentes passions telles que la chasse, la photographie, les documents animaliers, etc…Un chasseur de spécimen est avant tout un amoureux des plus beaux et plus gros sujets rapportés à sa passion. Il doit souvent faire preuve de sacrifices considérables, de beaucoup d’abnégation, de force mentale et d’investissements personnels. Bienvenue dans le monde de la démesure.
Specimen Hunter
Le specimen hunter connaît souvent à tort, une connotation péjorative puisque nombreux pensent que cet état d’esprit et ce type de pratique sont souvent irrespectueuses face aux sujets de taille plus modeste. Je peux d’ores et déjà vous rassurer, et pour connaître beaucoup de personnes propres à cette catégorie de pêcheurs, il n’en est rien.
Toutes les espèces de poissons sont respectés dans leur globalité puisque nous savons tous qu’avant, et que pour atteindre des poids records, un sujet a dû connaître une existence paisible, et si celui-ci a croisé le chemin d’un pêcheur lorsqu’il était plus petit, il aura dû retrouver son élément naturel en parfaite condition de santé. A vrai dire, personnellement, je n’aime pas particulièrement ce mot de specimen hunter. Je préfère de loin celui d’amoureux des grosses carpes.
Le mot chasseur me dérange un peu car pour moi cette pêche particulière se rapporte plus à une soif de découverte des plus gros sujets que cachent nos eaux convoitées. C’est un véritable mode de vie, avec ses joies, ses peurs, ses désillusions, et des sensations souvent indescriptibles propres à chacun lorsque l’on touche et que l’on porte à l’épuisette le fameux saint graal. Je pense également que l’on ne né pas specimen hunter, mais qu’à force d’expérience, d’années de pratique, de connaissances du poisson, du biotope et du monde halieutique, certains d’entre nous se tournent vers cette pratique en toute connaissance de cause. Nombreux sont ceux d’entre nous qui aiment poser sur leur tapis un gros poisson, mais un specimen hunter lui va orienter la grande majorité de son approche et de ses pêches à la traque des plus beaux sujets en acceptant de passer à côté de certains bons côtés de notre passion, mais aussi certains sujets.
La Chasse au Specimen
Aussi belle qu’elle puisse être, notre passion peut être aussi destructrice et cette notion est décuplée rapportée à la pratique du specimen hunting. Les sacrifices qu’une telle pratique nécessite sont souvent considérables, et avant de se lancer tête baissée dans cette pratique, il faut garder en tête que le pas pour basculer vers la déraison peut être très facilement franchissable. J’ai connu et je connais toujours certains specimen hunter qui se sont à un moment de leur vie dé sociabiliser tant leur quête des carpes goliathes est devenue chronophage.
Certains ont malheureusement perdu de nombreuses années et ont même détruit leur vie professionnelle et le plus grave à mes yeux, familiale. On ne pense plus qu’à ça, à se retrouver le plus souvent possible au bord de l’eau et augmenter considérablement son temps de pêche afin de mettre toutes les chances de son côté pour poser avec le poisson convoité.
Foncièrement, face à ce désir d’être le plus souvent en action de pêche, ce sont tout autant de sacrifices qui en découlent. Financiers dans un premier temps, car les nombreux trajets effectués pour les campagnes d’amorçage où la prospection sont souvent onéreux, tout comme les quantités d’appâts distribuées.
Le temps passé loin de sa famille peut connaître aussi son lot de déconvenues. Je ne cherche pas ici à dépeindre un portrait noir du specimen hunting, mais il faut juste savoir que comme toute passion, cette pratique à aussi ses côtés sombres. Certaines de mes connaissances à force de déboires et prises de conscience l’ont appris à leur insu et ont pris beaucoup de recul sur cette pratique.
Un mode de vie
Indescriptible, et le mot est faible pour transcrire la sensation qui nous envahit lorsque tous les sacrifices mènent à la réussite. Poser sur son tapis, une carpe record et surtout lorsque celle-ci est le poisson que nous convoitons. Nous passons alors par une phase d’émotions qui nous fait oublier toutes les galères que nous avons connues en amont. Oui, le specimen hunting est une pêche à part entière, nous ciblons bien souvent un seul poisson et rendons fatalement les choses bien plus difficiles et compliquées.
Personnellement, j’ai toujours prôné le partage d’informations et j’aime faire découvrir aux autres passionnés le fruit de mes recherches, tout comme j’aime aussi admirer les prises et les réussites des autres pêcheurs. Un amoureux des grosses carpes aime à mon sens tous les gros poissons, et je ne fais pas de différence lorsque ceux-ci sont pris dans des eaux plus intimistes, car pour moi, une carpe géante est un poisson à la génétique particulière. Qu’ils nagent en eaux publiques ou eaux privées, j’apporte la même grande attention à tous les sujets, même si dans les eaux privées il faut être conscient que le taux de grossissement est plus important et plus rapide dû à l’abondance et l’apport de nos appâts artificiels.
Bien sûr, certains vous diront que seul les poissons pris en grands lacs comptent. Je ne suis absolument pas d’accord avec cette rapide déduction puisque depuis ces dernières années et devant le succès que connaissent certains grands lacs, nous constatons aussi un grossissement des poissons souvent anormal dû aussi à la fréquence d’amorçage et de distribution de nos appâts de synthèse. Nombreux sont d’ailleurs les specimen hunter qui partagent leur temps de pêche entre les eaux publiques et privées. Je n’ai personnellement aucun problème avec ça si et seulement si le privé en question est dépourvu de tout trafic.
Localiser les Specimens
C’est une évidence, la France n’est pas le seul pays où nagent les gros sujets, et depuis maintenant plusieurs années c’est tout autant de nations étrangères qui ont enrichi le tableau des carpes records. Ces mêmes destinations sont pour nous autant de nouveaux Eldorado où tout reste à découvrir. Lorsque nous parlions d’état d’esprit, l’amour des voyages, de l’inconnu et du challenge font partie intégrante de notre pratique. Je peux vous assurer que par expérience, lorsque nous réussissons à croiser le fer avec un specimen d’une eau que nous ne connaissons pas et dans une nation que nous visitons pour la première fois, les sensations et satisfactions sont décuplées.
Les réseaux sociaux sont maintenant devenus un outil de prospection à part entière. Nous voyons au quotidien de nouvelles nations émerger sur notre scène halieutique et avec elles, un lot de surprises jusqu’ici insoupçonnées. Nous avons pour exemple des nations telles que l’Espagne, l’Italie, la Slovénie, etc… qui n’étaient pas des destinations phares il y a une petite dizaine d’années, et qui sont devenues maintenant des lieux très prisés par tous les specimen hunter de la planète. Dans ce cas de figure, et lorsque l’on souhaite pratiquer sur une eau étrangère inconnue, le réseau et le partage ont une importance particulière encore plus grande. L’échange avec les pêcheurs à toute son importance, et même si vous ne pratiquez pas couramment la langue universelle anglaise, il existe maintenant des traducteurs en ligne plus ou moins fiables.
Les manipulations quant à elles doivent avoir toute votre attention. J’insiste particulièrement sur ce paramètre et les grandes notions de respect qu’un amoureux des grosses carpes doit avoir, même si cela est également valable chez les sujets de tailles plus modestes. En effet, une carpe géante est souvent un poisson vieux par définition. Elle a su grandir et évoluer dans son élément en affrontant les aléas et contraintes propres au milieu et a su se préserver de ses prédateurs. Elle s’est peut être aussi remise de piqûres, de manipulations, et autres combats avec d’autres pêcheurs avant le jour où vous avez croisé son chemin. Une carpe goliath n’a pas atteint ce poids par hasard et sans encombres. Même si génétiquement elle est différente des autres sujets des eaux avec lesquelles elle nage, elle n’en reste pas moins vulnérable et fragile.
Un specimen hunter sait mieux que quiconque cela et afin que nous puissions la voir évoluer, grossir, franchir les barres mythiques, celle-ci lors d’une prise doit connaître la plus grande attention du pêcheur. Les manipulations doivent être particulièrement minutieuses car même si certains d’entre nous sommes des adeptes des salles de musculations, de tels poids sont souvent difficiles à porter avec aisance et en toute sécurité. Je ne saurais assez recommander de manipuler tant que possible ces géantes proches de leur milieu naturel, et je privilégie comme d’autres nombreux pratiquants les séances photos dans l’eau, lorsque bien évidemment celles-ci sont possibles. Avec ces attentions, vous connaîtrez sans nul doute la joie incommensurable de reprendre un gros poisson quelques années plus tard en pleine forme et peut être avec quelques kilos de plus.
